Raconte-moi l'histoire
Sarah Ndele
Installation multimédia, plastique brulé, vidéo (technique Matsuela)
L’importance des masques a toujours été cruciale dans le travail de Sarah Ndele, qui recherche, recrée et réimagine le rôle des masques dans les pratiques ancestrales de Kinshasa à Salvador de Bahia, ainsi que la manière dont ils sont liés aux traditions performatives et orales et aux littératures. Dans Raconte-moi l’histoire , des téléphones contenant des vidéos de performances (intitulées « Walé », « Sentinelle » et « Décision » et diffusées en boucle) sont superposés aux masques, dont ils deviennent les « yeux ». L’installation examine comment les masques peuvent devenir un terrain d’entente, à la fois métaphorique et physique, entre le passé et l’avenir, entre l’ancien et le nouveau, les masques symbolisant les technologies anciennes et les téléphones les technologies modernes. Les masques sont fabriqués à l’aide d’un procédé appelé matsuela, qui consiste à faire fondre au feu des chaises cassées et d’autres objets en plastique, puis à les coller ensemble. Les performances présentées dans chaque masque sont des performances qui reflètent l’exploration des masques, qui mettent en dialogue les anciennes et les nouvelles technologies et examinent le rôle des masques dans la réappropriation des connaissances et des souvenirs effacés.
Sarah Ndele, née à Kinshasa en 1991, est artiste plasticienne diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Son champ de travail est large, elle s’exprime à travers les sculptures, la peinture, les performances, et s’est récemment lancée dans l’écriture. À travers l’héritage de la révolutionnaire anti-coloniale et prophétesse syncrétique, Kimpa Vita (1684–1706), Sarah Ndele explore l’idée de la mémoire, des racines et de l’éducation. Ainsi, elle entame une recherche rigoureuse dans l’art Kongo. Ses origines Yombe l’ont menée à travailler sur les masques dits traditionnels – pour métaphoriquement « entretenir les racines ». Elle surnomme sa technique « matsuela » (signifiant « larmes »), pour exprimer la dualité créative de celles-ci et en y voyant une possibilité de la reconstruction d’une nouvelle Afrique, complètement indépendante. Son travail à été presenté à plusieurs évènements culturels et artistiques comme le festival international d’Art de la performance à Kinshasa (Kinact), (Tango, Spam avec Africa Diva), au Togo (Emmome Art), Bénin (exposition), Cameroun (Atelier Nkate à Batier et à Bandjoon Station), Ouganda (Festival Nyege Nyege), à Brazzaville (Ateliers Sham), et au Brésil, à Salvador de Bahia (projet South to South). Des projets à Amsterdam (Sandberg Institut et Framer Framed), en Suisse (à Cima Sitta, Art au Pluriel, et galerie Salt à Bâle lors de l’Art Basel). Elle a également pris part à la Yango Biennale 2 de Kinshasa, à la Biennale de Lubumbashi et le projet Kirata du Centre d’art Waza. Elle a organisé deux expositions nocturnes, ou vols de nuit, intitulées « Butu nde Makambu », et coordonné la première édition du Festival de Femmes « Kasala dans l’âme de la femme », accompagné de plusieurs workshops.