Miyeba
Gradi Chéri Cherin
Peinture à huile sur toile, intervention urbaine
Le projet Miyeba part de l’observation que la majorité d’oeuvres d’artistes congolais.se.s figurent dans des musées, collections et archives de l’étranger. Résultat des courses, surtout au niveau des artistes populaires, la méthode de travail, dès la production, s’aligne plutôt sur les perspectives des potentiels acheteurs de l’étranger. Pourtant à son origine, la peinture populaire s’adressait plus spécifiquement au public local, commentant l’actualité politique et sociale, les faits divers du quotidien à travers la peinture. Pour sa part, Gradi Chéri Chérin considère qu’il est du devoir de la nouvelle génération de s’interroger sur la manière dont sa peinture peut à nouveau s’adresser au public local. À cet effet, le projet Miyeba aborde la problématique sous deux aspects. D’une part, elle met en exergue une peinture sur le sujet montrant comment les oeuvres d’art sont exportées et de l’autre, un autoportrait de l’artiste imaginant un musée populaire accessible à la masse en (RDC). Une démarche qui remet en cause les modèles des musées occidentaux. En sus, le projet réfléchit aussi à la forme de présentation des oeuvres d’art : la manière de les présenter et où et à qui ? Dès lors, c’est sous un format expérimental que Gradi Chéri Chérin expose son travail dans l’espace urbain de sorte à permettre à un public plus large et diversifié d’accéder à l’art, en attendant le musée à venir.
Née Gradi Kinkonda, mais plutôt connue sous le pseudonyme Gradi Chéri Chérin, la peintre populaire autodidacte de 23 ans révolus, est comme on peut le deviner, la fille du réputé Chéri Chérin. Elle tient de son géniteur, l’un des plus notoires peintres populaires de la République démocratique du Congo (RDC). Gradi a tout naturellement appris la peinture dans l’atelier de son père. Des connaissances approfondies au fil des ans dans divers autres de la place côtoyant d’autres artistes à l’instar de Chris Toko et Strong. Inspirée par les premières générations de peintres populaires, elle développe sa pratique artistique selon le mode traditionnel commentant les événements socioculturels et politiques historiques et actuels. Mais aussi, étant de la nouvelle génération et femme de surcroît évoluant dans un univers fortement dominé par les hommes, elle pose un regard critique sur l’histoire de la peinture populaire et sa perception actuelle. Ses oeuvres ont été exposées à l’Atelier La jeunesse c’est la force de demain (2019), au Musée national de Kinshasa (2022) et à l’Atelier de Chéri Chérin (2020 – 2023).